Les conditions dans
lesquelles ce mouvement se produisit varièrent suivant les localités.
Tantôt, la plupart du temps, l'émancipation garda une allure pacifique,
tantôt elle prit un caractère violent.
Emancipations pacifiques
Ce fut surtout le cas dans le Midi et le Centre de la France.
Les bourgeois demandant des concessions, le seigneur céda pour
gagner de l'argent en vendant très cher les droits qu'il accordait,
soit pour attirer dans la ville de nouveaux habitants par l'appât
d'une situation meilleure.
On consignait alors les concessions par écrit dans un acte officiel,
une charte.
Emancipations violentes
D'autres fois il fallait arracher par la force l'affranchissement
des habitants.
Dans ce cas, les bourgeois commençaient par se lier par un serment,
formant une conjuration, dirigée par les plus riches.
Puis ils se révoltaient et la lutte duraient jusqu'à ce qu'ils
eussent imposé une charte reconnaissant leurs réclamations.
C'est surtout dans le Nord de la France, en Flandre, en Picardie,
que le mouvement d'émancipation, mouvement communal proprement
dit, revêtit un caractère dramatique.
A Cambrai, il y eut des échauffourées sanglantes sur les places,
dans les rues, dans les églises.
A Amiens, les combats se prolongèrent pendant quatre ans.
A Laon, l'évêque Gaudry, qui avait exaspéré ses sujets
par ses brutalités, fut assailli dans son palais, et, pour échapper
à la foule furieuse, se sauva, sous les habits d'un domestique,
dans son cellier, où un serviteur fidèle le cacha dans un tonneau
; mais, sa retraite ayant était découverte, il fut tiré du tonneau
par les cheveux, traîné dehors, tué, mutilé, dépouillé de ses
vêtements, et son corps jeté dans un coin, fut recouvert de pierres
et de boue (1112).
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Le meutre de l'évêque Gaudry
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